La cantine… un endroit où nombreux sont forcés de s’aventurer, déprimant ensuite pendant des années suite à un face à face terrible avec des brocolis ou une infâme mousse verte dont nous ignorons aujourd’hui encore la composition. Seul moyen de survivre : la résistance. Il faut, une fois de plus, retourner la vision « normale » des choses : il y a du bon en toute chose, et c’est valable dans les cas les plus extrêmes. Oui, même celui-là. Il y a de nombreuses raisons d’être heureux d’aller à la cantine. D’abord on mange avec ses namis. Et surtout, surtout, c’est le théâtre de nouvelles expériences qui feront rayonner toute la tablée, permettant de grands moments… Uniques en leur genre.

Le Goulibeurre permet les plus grands fous rires. Cette galette bretonne, qui perpétue la tradition des vieux croûtons depuis des générations, et qui n’est pas si mauvaise en soi, développe les facultés ninjas enfouies au plus profond de nous. Par respect (la célébrité peut causer trop de souffrances), les précurseurs des expériences suivantes resteront dans l’anonymat…

Cette galette, disais-je, est ronde, d’un diamètre d’environ… allez mettons 8 cm, et d’une épaisseur de quelques millimètres. Elle ne s’effrite pas, mais n’est pas solide non plus. Bref, un Goulibeurre. Comment exercer son talent de samouraï ?

 Tout d’abord, la méthode simple, basique : avec la tranche de la main, un seul coup sec, sur le diamètre du biscuit. On obtient une jolie courbure, mais les morceaux ne sont pas égaux… Pour les amateurs de croissants de lune, donc. Seconde méthode : dite « rebelle » , parce que on tape sur le biscuit avec le poing, brutalement, comme quand on n’est pas d’accord avec quelqu’un et qu’il commence à nous gonfler prodigieusement. Cette méthode, idéale pour les maniaques et les profs de physiques (càd les maniaques, donc) permet d’obtenir deux hémisphères parfaitement égaux, quasiment sans miette. Un travail de précision. Rapide, précis, net.

 Viennent ensuite les méthodes plus délicates. Avec les articulations des doigts repliés, on frappe, toujours sur le diamètre. A réserver aux amateurs de désordre, en effet, la méthode présentée fait exploser le biscuit aux quatre coins du plateau. Si on compte le manger après, il vaut mieux l’éloigner de son assiette encore pleine de sauce aux champignons.

 La méthode « warrior» est la plus dangereuse, et doit être utilisée par les véritables amateurs de délires. Il faut bien positionner le Gouli sur un endroit plat et dégagé, puis fracasser son front dessus. Très efficace, on obtient du Gouli broyé. Pensez à essuyer les miettes de galette collées au front, sinon un nouveau Baudelaire voudra bouffer vos cheveux.

Enfin, la méthode « finger » qui est encore à l’essai, consiste à prendre des petits morceaux de Gouli et à les casser avec le petit doigt. Bref, la cantine peut être un terrain d’aventures de tous les genres… Entrainez-vous aux techniques orientales avec les petits broyés bretons ! Et… bon appétit bien sûr !