Un nouvel Ordre a ouvert ses portes chez moi : l’Ordre du Tra-Vaï. 4 personnes en sont les représentants :

- la Révérend Mère, connue sous le nom de Ma-Ma

- le Frère Supérieur, Ludovicus Classus Prepataratus

- les deux Sœurs Apprenties (enrôlées contre leur gré)

De par l’absence quasi-continuelle de la Révérend Mère, le Frère Supérieur a pris le pouvoir et s’est établi, en tant que mâle et aîné, chef secondaire de l’Ordre. L’Ordre fonctionne sur des principes simples : le respect du Tra-Vaï et son invocation perpétuelle. Le Frère Supérieur, au nom de l’Ordre, a instauré des règlements austères pour une vie et une bonne entente dans l’abbaye. Son but ultime est de faire comprendre aux Sœurs Apprenties la valeur du Tra-Vaï.
Lorsque le Frère tra-vaï, enfermé dans sa chambre pour barbouiller des feuilles entières de calculs sans suite, le moindre bruit est passible de terribles représailles. Tout trouble du Tra-Vaï est condamné par de furieuses vociférations à l’encontre de la Sœur mise en cause, voire par des manifestations physiques de colère : tapages sur les murs, défoncements des portes, etc. Une fois la gêne exterminée, le Frère se retire à nouveau dans sa chambre – aux murs entièrement blancs, pour la zenitude – en maugréant. La Porte séparant le couloir menant à la chambre de culte du reste de l’abbaye doit rester fermée en permanence, sous peine, là aussi, de châtiments effroyables, même si le reste de l’abbaye est plongée dans le silence.

Le Frère invoque régulièrement le Tra-Vaï pour justifier sa toute-puissance, et en profite pour s’approprier l’ordinateur quand bon lui semble (les Tépéeuh sont fréquemment utilisés dans ce sens). La télévision est réquisitionnée à 20h, pour les infos, c’est l’heure de la Culture G, nécessaire pour une bonne appréhension du monde qui nous entoure.

Le Frère a séparé les tâches ménagères avec équité devant la Révérend Mère. Si ces tâches ne sont pas accomplies, ou hors des temps « réglementaires », le Frère a le droit de punir la Sœur responsable, qui doit s’incliner avec humilité, et reçoit la part de Tra-Vaï du Frère pour avoir manqué à son devoir.

Trois fois par année scolaire, la réception du bulletin permet de juger de l’avancement du Tra-Vaï ; s’il est bon, il est possible d’obtenir une permission pendant quelques jours, s’il est mauvais, les menaces pèsent sur la tête de la Sœur Apprentie (le Frère n’a jamais de mauvais bulletins, bien entendu).

Tout ce qui est éloigné du Tra-Vaï est considéré comme futile et une distraction destinée à nous détourner du dieu sacré. Cela comprend, bien entendu, l’écriture, l’art en général et les sorties entre amis. Sortir « trop » souvent (une fois par semaine…) est dangereux et peut soulever des avertissements de la Révérend Mère.

Bien, je vais m’arrêter là, je fais trop de bruit en tapant sur mon clavier.

Vous comprenez pourquoi je n’ai pas envie de rentrer chez moi le soir ? Et encore, pour le moment, le Frère Supérieur ne prépare que son bac, mais imaginez l’an prochain en prépa…